De retour de leur déplacement à Bolton dans le nord-ouest de l’Angleterre, Emmanuelle Morch, n°1 française et 25ème mondiale de tennis fauteuil, et Nicolas Berenguer, son entraîneur et directeur sportif du CSMT, nous livrent leurs impressions sur les 2 tournois qu’Emmanuelle a joué et, plus généralement, sur les ambitions d’Emmanuelle et sur sa vie de joueuse de tennis en fauteuil.
CSMT : Emmanuelle, tu rentres d’une tournée de 10 jours en Angleterre. C’est la première fois que tu fais un tel déplacement ?
Emmanuelle : Non, pas du tout. J’ai vraiment l’habitude de voyager beaucoup dans le monde, d’enchaîner les tournois. Cela m’est arrivé de partir 3 semaines d’affilée, de partir vraiment loin. J’ai fait des tournées en Australie, aux Etats-Unis, j’ai joué en Argentine, en Afrique du Sud. En fait, j’ai fait tous les continents. L’Angleterre, c’est la 6ème fois que je jouais ce tournoi.
CSMT : Mais tu as joué 1 ou 2 tournois et à quel endroit ?
Emmanuelle : En fait, j’ai joué 2 tournois mais au même endroit, à Bolton. C’est un tournoi qui est très pratique car l’hôtel est juste à côté du club. On fait tout à pied. Et surtout, il n’y a pas d’autres tournois dans le calendrier à cette période. Du coup, c’est un tournoi avec un niveau très relevé, même si c’est affiché ITF2 et ITF3 qui sont plutôt des tournois de petite catégorie. Il y avait 3 filles du top10 sur le 2ème tournoi.
CSMT : Est-ce que c’est un tournoi où hommes et femmes sont dans le même tableau, comme lors du dernier tournoi amical que tu as joué en France, ou est-ce que les tableaux étaient séparés ?
Emmanuelle : Je n’ai rencontré que des femmes. Il y avait un tableau hommes, un tableau femmes et un tableau quad. Les quads sont des joueurs qui ont des problèmes aux membres inférieurs et supérieurs, cette catégorie est mixte car il n’y a pas assez de joueurs.
CSMT : En terme de résultats, comment se sont passés tes 2 tournois ?
Emmanuelle : Pour moi c’était une reprise. Je n’avais plus fait de tournois internationaux depuis les JO de Tokyo, il y a 6 mois. Entretemps j’ai eu une opération assez lourde l’automne dernier et j’ai changé de structure. Tout ça c’était nouveau. Nous avons beaucoup travaillé techniquement, changé de geste.
Donc j’y allais avec un peu d’appréhension et beaucoup d’attente, c’était mitigé comme sentiment. Mon 1er match je l’ai joué contre une joueuse que je ne connaissais pas trop, qui arrive depuis peu sur le circuit, qui joue de manière correcte.
Je ne savais pas trop à quoi m’attendre et finalement j’ai très bien maîtrisé mon match, je gagne 6/0 6/0. Donc ça m’a bien lancé dans la compétition. J’étais contente de mon niveau de jeu.
Après j’ai joué contre une joueuse japonaise que j’ai l’habitude de rencontrer, qui est 14ème mondiale. Malheureusement j’ai senti que je manquais de rythme. J’étais tout le temps précipitée, j’étais un peu perdue sur le terrain.
CSMT : Qu’est-ce qui ne fonctionnait pas ? La vitesse de déplacement avec le fauteuil ? La tactique ?
Emmanuelle : En fait c’est une joueuse qui est très patiente, qui ne fait quasiment pas de faute, qui construit beaucoup son jeu, qui se déplace bien. J’ai l’impression que, contre elle, il faut vite que j’attaque pour marquer le point et du coup je me suis précipitée. Alors que j’ai le temps et que je dois juste m’organiser. J’ai un jeu plutôt de construction. Et là j’ai voulu gagner le point en 1 ou 2 frappes et ça ne correspond pas à mon style de jeu. Je perds 6/2 6/4, c’est assez honorable mais je n’ai pas le sentiment d’avoir fait un bon match.
Heureusement Nicolas était là pour voir mon match et, avec ce constat là, nous avons retravaillé les déplacements, la patience, repartir plus en arrière, construire le point, jouer long.
CSMT : Du coup comment s’est passé ton 2ème tournoi ? ?
Emmanuelle : Au 1er tour j’ai joué contre la 19ème mondiale contre qui j’avais déjà joué il y a longtemps. Ça a toujours été des matchs très accrochés contre elle. Et pour le coup, nous avions avec Nicolas tellement travaillé le fait d’être patiente, de me reculer, que j’ai été un peu trop dans l’attente. Je n’ai pas su m’adapter. Elle m’a joué plutôt des balles courtes. Elle a fait un très bon match et moi je n’étais pas encore à mon meilleur niveau. Donc un peu déçue car le score est très sévère, je perds 0 et 1.
Mais voilà, nous sommes partis nous entraîner de nouveau et travailler tout ça.
J’ai pu jouer le tournoi de consolante. J’ai eu un 1er tour que je gère très bien et le 2ème tour je démarre très bien mon match, mais il y a eu un problème d’arbitrage. Je reste focalisée là-dessus, je n’arrive pas à m’en détacher, ça m’énerve. Et le match a défilé pour elle.
CSMT : Et en double, quels ont été tes résultats ?
Emmanuelle : Le 1er tournoi, on a fait une ½ finale en jouant un très beau match contre celles qui ont gagné le tournoi derrière, un match très accroché, donc très positif. Sur le 2ème tournoi ma partenaire a fait forfait au dernier moment. Je me suis retrouvée avec une joueuse qui ne joue pas très bien, mais qui s’est accrochée. On a fait une belle bagarre contre une équipe d’à peu près notre niveau mais ça n’est pas passé. C’était la 1ère fois qu’on jouait ensemble. Bon, ce n’est pas le double de rêve. Mais voilà elle était adorable, elle s’est arrachée avec ce qu’elle pouvait faire. On a fait ce qu’on a pu.
CSMT : Quel est ton bilan de ces 2 tournois ?
Emmanuelle : Ce qui est bien c’est que nous avons trouvé beaucoup de choses que nous pouvons améliorer. C’était génial de partir avec Nicolas car il a pu mettre le doigt sur ce qu’il fallait bosser, sur ce qui me manquait, ce qui était déjà bien. Il m’a apporté de la lucidité sur les debriefs des matchs.
Il y a encore du boulot et nous sommes là pour ça. Nous travaillons pour les prochains tournois, nous avons remarqué que les 2 joueuses, contre qui j’ai perdu, ont des styles de jeu qui me gêne beaucoup avec des balles assez slicées, basses, courtes qui n’avancent pas trop. Il faut rentrer dans le terrain et je ne sais pas trop quoi faire de ces balles-là. Ça, c’est un gros point faible, il faut donc bosser sur ce type de balles là.
Il y a pas mal de choses à travailler mais globalement c’est très positif parce que j’ai tenu l’enchaînement des deux tournois. Je ne savais pas trop si physiquement ça allait tenir et ça a tenu. Il y a eu du simple, du double, beaucoup d’entraînement.
CSMT : Nicolas, de ton côté quelles sont tes impressions, qu’est-ce que tu retiens de ce déplacement ?
Nicolas : C’était une première pour moi, une expérience super enrichissante car c’est la 1ère fois que j’accompagnais une joueuse en tennis fauteuil.
Je ne savais pas quel niveau Emmanuelle avait par rapport aux autres, je trouvais qu’elle avait bien progressé pendant les 2 mois d’entraînement avant de partir. Du coup, ça était très intéressant de voir son niveau par rapport au niveau mondial.
Je suis satisfait car, pour moi, elle a déjà une bonne base de jeu. Après il y a beaucoup de points à améliorer. On en a parlé, elle les connaît.
Elle a une marge par rapport à toutes les joueuses qui sont moins bien classées qu’elle. Donc c’est encourageant car pour moi elle ne peut que progresser.
CSMT : Et comment as-tu trouvé l’ambiance d’un tournoi de tennis fauteuil ?
Nicolas : J’ai trouvé l’ambiance remarquable car personne ne se plaignait. Les conditions de jeu étaient bonnes mais au niveau de l’arbitrage c’était très moyen. Et pourtant, il y a eu très peu de joueurs et de joueuses qui se sont plaints de l’arbitrage. La même chose se serait passée chez des valides, il y aurait eu beaucoup plus d’histoire. Je suis admiratif de tout ça. Et puis ils sont tous au travail, la n°3 mondiale avait perdu, elle avait fait un mauvais match en simple, le lendemain à 8h elle était en train de faire des services toute seule.
Voilà, c’est un état d’esprit irréprochable. Emmanuelle aussi. On a fait une semaine où on a beaucoup joué, on s’est beaucoup entraîné. Elle ne s’est jamais plainte. De ce côté là c’est remarquable.
CSMT : Emmanuelle, au niveau entraînement, tu as pu t’entraîner avec d’autres joueuses en fauteuil ?
Emmanuelle : Ah oui, c’est aussi ça qui est intéressant
Nicolas : C’est l’avantage de ces tournois
Emmanuelle : Dans la vie de tous les jours, je n’ai pas de joueuse en fauteuil de mon niveau dans la région. En France, on n’est pas très nombreuse. Donc c’est hyper intéressant pour moi de pouvoir taper la balle, de faire des sets d’entraînement avec des joueuses du top 30 mondial, avec différents styles de jeu, différents niveaux. C’est génial ça. Ça vaut vraiment le coup.
CSMT : Pour un tournoi de cette nature, tu as une rémunération ? Ça se passe comment ?
Emmanuelle : Oui, il y a des prize money sur tous les tournois internationaux. Ça dépend du niveau du tournoi et du nombre de tours passés. Là sur les 10 jours j’ai peut-être pris 300€ (rires)
CSMT : Même pas le prix du billet d’avion (rires)
Emmanuelle : Pour commencer à être rentable sur ces tournois, surtout si je voyage avec mon entraîneur, il faut gagner les 2 tournois, en simple et en double
CSMT : En règle générale, il y a à peu près combien de participantes dans un tableau ?
Emmanuelle : Là c’était un tableau de 24 dans le 1er tournoi et un tableau de 32 dans le 2ème. Mais je crois que le 2ème n’était pas complet, on devait être entre 25 et 32 joueuses.
CSMT : Quels sont vos prochains objectifs ?
Nicolas : En terme de classement se rapprocher de la 15ème place mondiale le plus rapidement possible, elle est déjà 23ème aujourd’hui, elle va être 21ème dans quelques jours. On vise la 15ème place mondiale pendant l’été. Et puis après sur 1 an, se rapprocher du top 10.
En terme d’objectifs techniques, reconnaissance des situations, tout ce qui est amélioration du toucher de balle, du petit jeu, tactiquement les prises de balle au bon moment, s’adapter à l’adversaire un peu plus, plus tout le reste service, coup droit ….. Beaucoup de choses à travailler et pas beaucoup à la fois.
CSMT : Et du coup, vu qu’il n’y a pas beaucoup d’autres personnes en fauteuil de ton niveau dans la région, comment tu vas organiser les entraînements ?
Emmanuelle : Il y a des hommes, soit beaucoup plus forts que moi, soit beaucoup plus faibles, mais déjà cela me permet de matcher
Nicolas : Il nous reste une petite période d’entraînement, après c’est essentiellement des matchs. Pendant les tournois, ce qu’il y a de bien c’est que tout le monde s’entraîne ensemble. Chaque tournoi est aussi une période importante d’entraînement. Donc, je ne suis pas trop inquiet de ce côté là.
CSMT : Donc prochaines étapes, prochains tournois ?
Emmanuelle : Je pars en Turquie dans 2 semaines, il y a un tournoi Future, c’est le plus bas niveau international. J’enchaîne là-bas avec les qualifications pour la Coupe du Monde. C’est un tournoi par équipes. C’est un peu l’équivalent des qualifications pour la FedCup, par exemple. C’est un peu la même chose. Donc là, il faut que l’on finisse dans les 4 meilleures équipes pour se qualifier pour la phase finale de la Coupe du Monde qui est en mai. Et ensuite j’enchaîne au même endroit encore avec un ITF3. Donc je vais passer 3 semaines en Turquie.
CSMT : Et du coup, tu pars avec ton entraîneur ? Qu’est-ce qui est planifié ?
Nicolas : La Coupe du Monde ce sera avec l’équipe de France. Et après je vais essayer d’aller sur 1 des 2 autres tournois. Que ce soit le 1er ou celui d’après. Je suis en train de planifier tout ça, de m’organiser, de voir si c’est possible ou pas
CSMT : Roland Garros, ça te semble jouable ?
Emmanuelle : Ça devient de plus en plus tendu.
CSMT : Les tableaux sont des tableaux de combien de joueuses ? Car j’imagine que c’est ça qui est déterminant
Emmanuelle : En fait c’est une vraie question. Jusqu’à présent c’était des tableaux de 8. Il y avait les 7 meilleurs du monde plus une invitation. C’est très, très réduit. L’invitation est donnée depuis quelques années à la n°1 française. J’ai pu y participer l’an dernier. Là il y a une rumeur qui court, comme quoi le tableau devrait passer à 12. Donc les 10 meilleures plus 2 invitations. Je ne sais pas si c’est confirmé. Et puis surtout ma rivale française, Pauline Déroulède, qui est classée juste derrière moi, a fait un très bon tournoi à Bolton. On a 1 place d’écart maintenant.
Voilà, du coup en fonction de ce qui va se passer dans les prochains mois, si elle me passe devant, peut-être que la wild card peut me passer sous le nez aussi.
CSMT : Mais comment se fait-il que dans des tournois ITF3 tu as des tableaux de 24 joueuses et dans un Grand Chelem, tu n’as que 8 joueuses
Emmanuelle : C’est une bonne question !
Nicolas : C’est une aberration !
Emmanuelle : Le problème que l’on a c’est que les grands chelems sont quasiment les seuls tournois où nous sommes mélangés avec les valides. Et donc on n’est pas la priorité pour l’organisation. Il faut un tableau mais il ne faut pas que l’on prenne trop de place. C’est pareil pour les 4 Grands Chelems. Je sais qu’ils ont envie d’agrandir un peu nos tableaux mais voilà. Les premières années, ils disaient qu’en dessous du top 8 le niveau chuté beaucoup mais maintenant ça se densifie vraiment. Chez les hommes, le top 16 ça joue très, très bien
Nicolas : Sans être macho, chez les hommes, 8 c’est un vrai scandale
Emmanuelle : Un tableau de 16, rien que pour les hommes ça serait déjà normal et chez les femmes à la rigueur un tableau de 8, mais bon pour quoi pas. Mais les hommes ce n’est vraiment pas normal que ce ne soit pas à 16 depuis quelques années.
Voilà après c’est une question de terrain, de prize money, il faut mettre des arbitres, des ramasseurs de balles, ça prend de la place
CSMT : J’imagine qu’il n’y a pas forcément beaucoup de public
Emmanuelle : Ce n’est pas ce qui rapporte aussi au niveau média, au niveau public ; les gens ne viennent pas voir le tennis fauteuil car ce n’est pas encore connu. Donc je comprends aussi qu’un organisateur n’a pas forcément envie d’avoir 30 personnes en fauteuil à gérer. On est déjà 8 hommes, 8 femmes et, j’ai un doute, 4 ou 8 quads. On est donc déjà un peu nombreux, mais c’est vrai que ce n’est pas la priorité.
Tu vois par exemple le tournoi des Légendes à Roland Garros va rapporter beaucoup plus de public, de média, les juniors aussi. Ça intéresse beaucoup plus les gens. Donc on ne peut pas trop critiquer là-dessus, ça se comprend. Ce n’est pas encore connu.
Si on veut que ce soit plus connu, il faudrait faire mieux.
Faire les Grands Chelems, ce n’est pas évident, surtout que quand on rentre dans les Grands Chelems, pour le coup il y a un prize money qui est vraiment très intéressant. Typiquement à Roland Garros l’année dernière en perdant en simple et en double au 1er tour, j’avais pris 9.000€. C’est quasiment le double de ce que je gagne sur une année normale. Donc quand tu joues les Grands Chelems tu n’es plus à la même échelle. Tu peux emmener ton entraineur quasiment partout
CSMT : Mais enfin un valide qui perd au 1er tour …
Emmanuelle : Oui, bon, mais voilà. Après ce n’est pas la même concurrence, tu n’as pas la même audience à la télé. Je crois que l’on ne peut pas comparer. C’est tellement différent
CSMT : Et ton sponsor, L’Oréal, t’accompagne comment dans ces tournois ?
Emmanuelle : Il me donne un budget à l’année et après je le dépense comme je veux, en entraînement, en déplacement pour les tournois
CSMT : Et la contrepartie ?
Emmanuelle : Je fais parfois des conférences, j’ai le logo L’Oréal sur mon fauteuil, sur mes tee-shirts. J’ai fait des événements où j’ai tapé des balles avec les collaborateurs. Ils peuvent mettre des affiches de moi sur certains événements. C’est un peu tout ça, c’est l’image. S’ils ont besoin de moi pour communiquer ils m’appellent. Mais ils sont vraiment assez impressionnants parce qu’ils comprennent tout à fait que ma priorité c’est le tennis et donc ma priorité c’est de m’entraîner et de faire des tournois. Si je suis dispo, ils me disent « bon, tu viens » mais voilà, ils ne me forcent jamais à faire quoi que ce soit, ils ne me demandent pas de faire 50 événements dans l’année. Ils sont venus à Roland Garros, ils m’ont fait la surprise de venir voir mon match et ils étaient à fond. Voilà j’ai perdu mais ils m’ont dit « c’était super que tu sois là », ils ne me mettent jamais la pression sur les classements.
Ils sont juste heureux pour moi que je puisse vivre de mon rêve et ils m’accompagnent. En fait c’est un partage humain et sans eux, je ne pourrais pas le faire et je ne suis pas sûre qu’ils aient énormément de retour, en tous les cas, ils n’ont pas de retour financier sur le fait de m’accompagner. On ne fait pas une pub énorme. Mais je pense que, chez eux, c’est un désir profond d’aider quelqu’un.
CSMT : C’est super que tu aies pu trouver un sponsor qui s’implique autant, de cette façon là
Emmanuelle : Oui. Ils m’ont appelé pour la semaine de l’emploi des personnes handicapées et j’ai rencontré 3 équipes différentes, j’ai parlé avec eux, j’ai fait un peu le tour. Voilà c’est des journées comme ça, des événements où je rencontre des équipes, où je discute, et ça fait toujours plaisir de leur côté et à moi aussi. C’est un super sponsor. C’est vraiment génial.
CSMT : Circuler en fauteuil dans les aéroports, j’ai crû comprendre que ce n’était pas forcément simple ?
Emmanuelle : Non, moi ça va (rires), j’ai l’habitude. Surtout des aéroports en Europe, on est plutôt bien loti. J’ai voyagé en Afrique ; au Kenya par exemple, il a fallu apprendre la patience, l’accessibilité ils ne savent pas ce que c’est. On peut mieux faire en France sur l’accessibilité, mais on a quand même déjà beaucoup de chance.
CSMT : Pour aller à Bolton, tu as pris l’aéroport à Marseille ?
Emmanuelle : Oui, j’ai fait une escale à Amsterdam, Nicolas m’a rejointe après. Oui pour quelqu’un qui ne connaît pas, c’est un déménagement dès que je pars en tournoi. Je pars avec mon fauteuil de ville, mon fauteuil de sport, ma valise et mes raquettes
Nicolas : elle ne se plaint jamais, c’est une leçon de vie
Emmanuelle : C’est sûr que dans l’aéroport, je mets tout sur un chariot, je pousse mon chariot ; si par malheur ça commence à monter, pff, c’est très sportif. Si il y a un truc qui tombe, oh la la, la galère. C’est vrai que je rêverais un jour de prendre juste mon sac de raquettes et puis de partir en tournoi sur mes jambes, ça paraît tellement simple. Mais voilà ce n’est pas le cas, et puis c’est comme ça !
CSMT : Nicolas, quelque chose à rajouter ?
Nicolas : Non, elle a déjà tout dit. Si ce n’est que c’est une vraie leçon de vie de voir tous ces gens qui ne se plaignent jamais, qui sont là, qui s’entraînent, qui sont super sérieux, souvent plus sérieux que des valides, qui ne demandent rien à personne, qui ont toujours peur de gêner. C’est un peu le cas d’Emmanuelle, d’ailleurs.
Je suis super content de cette aventure. Et puis ce n’est que le début. J’espère qu’on va progresser et gravir les marches petit à petit.
CSMT : Et bien merci et à très bientôt pour les prochaines aventures !